mercredi 30 janvier 2013

Pourquoi Erasmus devrait perdurer ?




Ou "pourquoi je n'ai pas fait cet article plus tôt ?" serait une question tout aussi légitime. Pour ceux qui n'en auraient pas entendu parler, Erasmus est menacé d'extinction. La menace en est d'autant plus sensible quand on fait actuellement partie du programme, comme moi.

Jusqu'ici, j'ai été chanceuse : des économies pour les premiers mois et une organisation rigoureuse de mon budget à la réception de ma bourse m'ont permis de vivre un semestre complet sans me sentir limitée. Mais je ne compte pas mes ami(e)s espagnol(e)s et italiens qui ont tardé à recevoir leurs bourses. Bourses qui ne sont apparues qu'en Novembre ! Pour comprendre le pourquoi du comment, je vous invite à lire l'article clair et concis mis en lien dans le paragraphe précédent.

Plusieurs associations étudiantes se mobilisent: les Erasmus, premiers concernés ont fait passer une pétition courant décembre devant le silence morbide des universités à l'annonce d'un programme en fin de vie, alors que les futurs postulants sont en proie à l'incertitude.

Pourquoi Erasmus devrait perdurer ? Voilà les quelques raisons qui, selon moi, devraient justifier la pérennité de ce programme européen :

1) "I... I don't speak english very well"


Je me souviendrais toujours de l'engouement avec lequel ma prof d'anglais de l'année dernière nous disait que c'était le moment de voyager, qu'avec des heures LV1 anglais/allemand et des LV2 espagnol toujours plus appauvries au fil des réformes, le seul moyen de réellement pouvoir maîtriser une langue aujourd'hui, c'était les séjours linguistiques. Or, les séjours linguistiques sont coûteux, et il n'y a pas toujours la prise en considération de ces séjours dans le cursus. Erasmus reste dans le cadre universitaire et donne la possibilité de pratiquer, là où beaucoup d'étudiants se contenteraient d'un niveau Workbook, sans avoir la chance de mettre leiurs connaissances à l'épreuve.

2) "Non, faut que je fasse attention, j'ai un loyer à payer"

Beaucoup de mes amis, pour la plupart, vivaient chez leurs parents avant d'arriver en résidence universitaire. Se retrouver dans un pays étranger pour ses premiers pas dans l'indépendance, je pense qu'il n'y a rien de plus ludique que ces premières semaines où on garde les tickets de caisse pour établir son budget à la fin du mois. On grandit très vite, parce qu'on a pas le choix.

3) "Ah, Croatie... C'est où ça ?"

Bien sûr, les rencontres avec nos voisins est la chose la plus enrichissante d'Erasmus. On dépasse nos préjugés, on apprend deux trois mots dans la langue de l'autre, on se ressert de son cours d'histoire-géo' pour comprendre son histoire. Et surtout, on écoute... Je ne m'étais jamais attardée sur des pays sur la Bulgarie ou la Croatie avant de rencontrer certains de leurs habitants. Et j'avais tort.

4) "Si les marchandises s'exportent, pourquoi pas nous ? "

Concevoir l'Europe comme un territoire où l'on peut évoluer professionnellement, ça devient plus crédible quand on sort de sa petite ville du Loiret pour se confronter à une nouvelle culture. Avec Erasmus, on apprend à s'adapter dans un climat différent du nôtre et on prend conscience de la notion de mobilité. Les perspectives d'avenir changent. Je pense que pour ma génération qui entend tous les jours qu'elle n'aura pas assez de jobs disponibles, c'est bien d'ouvrir son champs de vision, de ne pas se sentir coincée mais, au contraire, de considérer toutes les options dont elle dispose.

5) "Hier, j'étais française. Aujourd'hui, je suis européenne."

Tout ne me semble plus aussi loin, aussi différent qu'on ne le pense. On reconnaît l'italien de l'espagnol à l'oreille, on distingue le tchèque du russe... Et surtout, on trouve sa place. Chaque année en France, on a droit à ces campagnes sur "qu'est-ce qu'être européen ?", et celles-ci tombent dans l'oubli. Je pense que cela n'a d'écho que lorsqu'on prend la peine de se tourner vers les autres pays. Il y a cette crainte irrationnelle et stupide qu'en concevant l'idée d'une identité européenne, on prend le risque de perdre son identité nationale. Erasmus montre que l'ensemble ne tue pas l'individualité des entités pour autant ! Je crois qu'en expliquant avec des amis européens la crise à un américain, on palpe peu à peu ce qui nous rend si proches les uns des autres.


Erasmus est donc une opportunité, et il en existe trop peu pour que les étudiants d'aujourd'hui puissent permettre la suppression d'un tel programme. Comment des mots tels que mobilité, autonomie, ouverture d'esprit ou encore Europe peuvent avoir de sens, quand on enlève la seule chance d'intégrer ces notions dans le cadre universitaire ? Ce n'est pas en renvoyant les étudiants à des projets "qu'ils feront plus tard" qu'on assurera leur avenir.

Pour aller plus loin:

Un super article (en anglais) sur Pourquoi devrait-on voyager quand on est jeune !

samedi 5 janvier 2013

Finlande, Le retour


Bonjour tout le monde !

J'espère que les fêtes se sont bien passées pour vous et que la reprise ne sera pas difficile ! Comme vous pouvez l'avoir constaté, j'ai également profité de mes vacances en France pour pouvoir me ressourcer. Et me voilà, à vous écrire de mon petit bureau dans ma chambre d'étudiantes...

Revenir de deux semaines après avoir repris son quotidien ? Avant même de partir, je m'inquiétais à ce sujet. Retrouver ses ami(e)s, sa famille, ses affaires, c'est confortable... Si confortable que tout semble trop court. Je n'ai même pas eu le temps de me lasser de mon retour en France.  Enfin, de tout ce que j'imaginais comme retour à Tampere, celui ci fut  plus qu'inattendu : les locaux et chambres vidées de mes amis de mon premier semestre,  des objets posés çà et là à qui veut s'en munir pour les prochains mois, les couloirs et espaces communs silencieux... L'air est donc plutôt morose, les rencontres se font timides et quand bien même j'ai déjà passé un semestre ici, c'est assez triste de replonger dans une phase d'adaptation.

Avec de nouvelles personnes, une nouvelle colocataire, il faut trouver ses marques et savoir ce que l'on fera sans pour autant céder devant la monotonie de l'hiver. Les lumières de Noël ne sont plus là pour égayer nos jours et nous donner envie de sortir. C'est aussi ça la Finlande, c'est se réaccoutumer à une beauté parfois fortuite et un peu triste, mais toujours secrète.

Dans quatre jours, les cours commencent et j'aime penser que le travail me fera oublier un peu ces journées vides.